Race report – Triathlon longue distance Alpe d’Huez
31 Juillet 2015, 9h30, lac du Verney, départ du triathlon longue distance de l’Alpe d’Huez. 7h55 et quelques secondes plus tard, je franchis la ligne d’arrivée à l’Alpe d’Huez à 1800 mètres d’altitude. Un moment de joie immense, 8h étant quelque part l’objectif que je m’étais fixé au fond de ma tête, tout en sachant que 8h30 serait déjà un bon résultat. D’autant plus de doutes sur le résultat après le VentouxMan et la difficulté de la course à pied …
Entre les deux, ce ne sont pas moins de 2 200m de natation, 115km de vélo dont 3 cols/3 000m de dénivelé positif, et 21k de course à pied qu’il aura fallu parcourir !
Jeudi 30 Juillet
- Arrivés tard la veille, grasse matinée bien méritée en anticipation de la nuit à venir, où il est toujours plus difficile de dormir la veille d’une course. Fin de matinée, départ pour l’expo, histoire de récupérer mon dossard et faire le tour de l’expo. Peu d’attente, le temps de dire bonjour à Martine et de faire quelques photos et nous repartons avec package athlète.
- Petite remarque en passant : si l’organisation générale est au top (bénévoles, ravitaillements, signalisation, …), les extras laissent un peu à désirer comparé à d’autres courses comme le pourtant très jeune VentouxMan ou le NatureMan 🙁 Ici pas de sacs nylon de transitions que l’on réutilisera mais des sacs poubelles, pas de bonnet de bain silicone mais un bonnet vraiment cheap dont le marquage partira à la fin de la natation et que l’on ne portera surement pas à la piscine, pas de T-Shirt finisher de qualité mais un T-Shit acrylique vert horrible flocké Finisher duathlon (!), ainsi qu’un mini sac à dos en nylon 🙁 et un KWay de la même qualité 🙁 Etonnant venant d’une course avec une telle renommée, mais de toute manière ce n’est pas pour ça qu’on vient, et à la rigueur mieux vaudrait ne rien donner plutôt que ces babioles made in China (où ailleurs).
- Une fois le package vérifié (on ne sait jamais), direction l’hotel pour y récupérer mon vélo. Direction le lac du Verney, hsitoire de rouler 40′ pour tester le matériel et débloquer le bonhomme. J’en profite pour faire le premier virage de l’Alpe, le temps de me rendre compte que frais ça change tout … 280W au compteur sans forcer, soit peu ou prou ma FTP ! Ce qui donne l’envie de revenir faire une montée sèche 😉 Bref après 40′ à rouler, entre cette petite montée et quelques sprints de 30″ à 500W (!), les jambes sont là !
- Retour à la voiture pour y déposer mon vélo et remonter en haut de l’Alpe pour y attendre Catherine qui vient de s’élancer dans l’ascension, qu’elle bouclera en 1h20 🙂
- Soirée tranquille dont un bon moment passé à préparer mes affaires et à casser mes distributeurs de SaltStick en voulant les remonter 🙁 Tant pis les capsules finiront dans un petit sac congélation #KeepItSimple
Vendredi 31 Juillet (D Day!)
- Réveil non moins tranquille à 5h30 le lendemain. Un départ à 9h30, cela permet de dormir un peu plus. Petit déjeuner avalé rapidement (Gatosport, compote comme d’hab), puis direction le stade de l’Alpe où l’on dépose le sac de transition course à pied à partir de 7h. Retour à l’hotel et descente au lac … en voiture ! Et au chaud s’il vous plait 🙂 Avec 7° à l’extérieur, il ne fait pas chaud descendre en vélo au départ, ce que font la plupart des concurrents. Au parc à vélo, la température est un peu plus clémente (10°), mais ca reste frais pour la saison ! J’essaie de ne pas penser à la température de l’eau en préparant mes affaires 🙁 Mais rapidement la température et l’ambiance commencent à monter de concert, avec l’apparition du soleil au dessus des montagnes et l’arrivée des concurrents. A quelques dizaines de minutes du départ, annonce de la température “officielle” de l’eau : 15,5 ° … Mouais … Elle était à 16° à Aix en Mai dans une gravière par 30° extérieur et ils voudraient nous faire croire qu’elle fait la même température dans un lac de montagne alimenté par des eaux de fonte de neige. Personnellement, je ne change rien au programme, au pire je serai encore mieux : je m’enduis donc de crème chauffante avant d’enfiler ma combinaison (première course en H2O Europium), puis de mettre bouchons d’oreilles, cagoule néoprène, bonnet et lunettes. 2 bouteilles d’eau versées dans ma combinaison viendront complèter la préparation à l’eau froide.
- 15′ avant le départ, direction le lac pour le moment de vérité : on rentre dans l’eau par la droite dans un chenal, et j’ai l’impression de faire partie d’un troupeau de gnous en migration, qui rentrent dans l’eau tout en sachant qu’ils peuvent se faire bouffer par un croco 🙁 Personne n’a envie d’y aller, mais trop tard pour reculer. Je rentre dans l’eau à mon tour (alors que certains cherchent déjà à en ressortir), et là bonne surprise : elle est froide (et certainement pas à 15,5°) mais ça va. Au final Catherine me dira qu’une fois le dernier concurrent sorti de l’eau, un officiel a indiqué qu’elle était plutôt aux alentours de 13° … Pas de choc thermique, ni de barre au front (merci la cagoule), et je reste dans le chenal en me rapprochant de la ligne de départ qu’un arbitre a bien du mal à contenir comme on le voit sur la photo ci-dessous. Difficile de comprendre au vu de celle-ci comment des athlètes peuvent prendre 500m de retard sur le départ !
- Tout d’un coup, on sent le départ plus qu’on ne l’entend en voyant les premiers démarrer. C’est parti pour 2 tours sans sortie à l’australienne. Bonnes sensations de glisse grâce à la combinaison, mais nage difficile : respiration à 2 temps jusqu’à la première bouée et un peu froid aux bras au final (très fine sur les épaules et les bras l’Europium). Malgré tout les 2 tours se passent sans encombres et sans être emmerdé, si ce n’est au passage des bouées, et encore à peine. L’eau ne serait pas si froide que cela serait top 🙁
- Dernière bouée et avec la sortie de l’eau qui approche, j’essaye de bouger mes orteils … sans succès. Je me contente de battre vigoureusement les jambes, et je sors de l’eau sans trop de difficultés. Catherine m’encourage au passage tout en faisant des photos et c’est parti pour la transition.
- Je retrouve (avec surprise) au parc à vélo Mariette, Romain et Tonio, normalement meilleurs nageurs qu moi 🙂 Pas de nouvelles de Manu qui est un peu plus loin dans le parc. Il s’avèrera qu’il est sorti de l’eau avec environ 5′ de retard sur nous à cause du froid. Transition plutôt rapide où je décide de laissser le KWay sur place et de partir uniquement avec un gilet sans manche par dessus ma trifonction. En fait, j’aurai pu et dû partir juste en tri. #Bettersafethansorry.
- Départ vélo prudent dans la côte pour sortir du site de départ (une crampe est si vite arrivée sur un effort violent après être resté immobile au froid), et j’attaque la première partie du parcours, plutôt roulante jusqu’à Séchilienne. Cette partie me convient bien, et j’attaque en allant systématiquement chercher le coureur devant. Romain est déjà devant, mais je double Mariette qui est sorti de transition juste devant moi. Je ne tarderai pas à la revoir passer ! Je garde un oeil coté puissance quand même pour rester soft à ~230W, mais le compteur dépasse plusieurs fois les 300W, et les 24 premiers kilomètres seront avalés à près de 41k/h de moyenne … Trop tard pour la prudence, on verra bien, mais j’ai quand même peur de m’être emballé en arrivant au pied de la première difficulté, la montée vers l’Alpe du Grand Serre ! Premiers virages et je commence tranquillement l’ascension à 70RPM / 240W (234W de moyenne sur la montée). La journée va être longue et il commence déjà à faire chaud. Pas mal de monde me passe, la plupart en respirant bruyamment … Ceux-là je ne tarderai pas à les revoir ! Quelqu’un que je ne pensais pas revoir de sitôt, c’est Mariette qui me double au tiers de l’ascension. On restera ensuite à vue jusqu’en haut, où je reprend Julien, qui nous avait explosé en natation. Tonio me double aussi dans la montée vers le col de Morte, normal. Pas qu’en natation, puisqu’il me met une mine dans la descente, que je fais plus prudemment que durant la reco. Un freinage un peu “mou” sur le bitume glissant dans les premières épingles m’a un peu refroidi. Le parcours continue jusqu’au col d’Ornon où je retrouve Julien avec qui on jouera au chat et à la souris jusqu’à la montée vers l’Alpe d’Huez. Arrivée en haut du col d’Ornon, petite frayeur : je jette un coup d’oeil à mon plan de marche avec les temps de passage pour un objectif à 5h20 et à ma grande surprise, j’ai 15′ d’avance !
- 2 solutions, soit je me suis planté dans mes calculs de temps, soit dans ceux de puissance, mais on va vite savoir ce qu’il en est au moment d’attaquer l’Alpe … Descente rapide du col d’Ornon en direction de Bourg d’Oisans
- Arrivée rapide à Bourd d’Oisans que l’on traverse (pas d’ambiance 🙁 ), puis rapidement arrive la dernière difficulté, plat de résistance de l’épreuve : la fameuse montée vers l’Alpe d’Huez et ses célèbres 21 virages, mise à l’honneur tous les ans par le Tour de France ! Premier virage difficile après la descente, mais j’ai rapidement le sentiment que ça va aller. Sentiment confirmé une fois les 3 premiers virages passés (les plus difficiles) et que la pente redevient légèrement moins importante. Je reprend rapidement (et définitement Julien), et je me permet même de descendre une dent pour passer plus de puissance (~250W). L’ascension tant redoutée se fait finalement tranquillement, et en arrivant dans les derniers virages, j’aperçois le maillot de Tonio. Il n’en fallait pas moins pour me motiver et monter les 3 derniers virages plus rapidement avec l’espoir de le reprendre sur le vélo. Mais ce ne sera qu’au parc à vélo que je le rattraperai !
- Arrivé au parc à vélo d’ailleurs, je jette un coup d’oeil au chrono et je réalise que je peux terminer en moins de 8h à conditon de courir à plus 6:00/k de moyenne ! Je suis sur un nuage car même si j’en caressai l’espoir secrètement, je ne pensais pas pouvoir passer sous les 8h. Le temps d’enfiler mes Hoka, mettre 2 gels (de secours) dans ma tri, et ma casquette sur la tête et me voilà parti sur la course à pied.
- A ce moment, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. L’expérience du VentouxMan a montré la difficulté de courir après une telle ascension, et je ne sais pas si je vais souffrir de l’altitude. Finalement, ni l’un ni l’autre. Si je ne peux pas courir à une allure “half”, j’arriverai à maintenir une moyenne de 5:30/k sur les 3 tours à près de 160BPM, sans aucune dérive. L’entrainement a porté ses fruits, ainsi que sans doute les séances de SimAlti des semaines précédent la course. Manu, arrivé 10′ plus tard au parc, ne me rattrapera qu’au 2e tour, et l’on terminera la course à 30″ l’un de l’autre.
Temps final de 7:55:45 ! Grosse émotion à l’arrivée et larmes de joie, avant de retrouver mes camarades qui auront tous réalisé une belle performance, tout le monde terminant en moins de 8h ou presque ! Une course magnifique au final (“One of the most beautiful and challengin race in the world“), mais encore heureux qu’il ait fait beau temps … Cela n’aurait pas été la même partie de plaisir avec la météo du lendemain sur le CD, dans le froid et la pluie:-(